Le rapport entre salariés et employeurs en 2025 : réalignement ou déconnexion ? Une étude de PageGroup

9 avril 2025 Actualités

Pour la troisième année consécutive, PageGroup, cabinet leader de l’intérim et du recrutement spécialisés, dévoile son étude internationale Talent Trends, un baromètre complet des attentes des candidats et des salariés, en France et dans le monde.
Cette étude a pour objectif d’apporter un éclairage précis sur les dernières évolutions du marché de l’emploi et d’identifier les leviers d’attraction les plus pertinents pour aider les entreprises à affiner leur stratégie RH. En 2025, ce sont 50 000 professionnels dans le monde, dont 3 400 en France, qui ont été interrogés sur leurs aspirations, priorités et motivations en matière d’emploi.

Deux grandes tendances émergent des résultats français de cette nouvelle édition abordant le salaire, l’évolution professionnelle, l’intelligence artificielle, l’environnement de travail et la flexibilité :

– Les salariés qui partagent un socle de valeurs commun et qui se sentent alignés avec la stratégie menée par leur employeur restent plus longtemps en poste que les autres. Un réel enjeu à l’heure où seul 1 employeur sur 4 nous avoue qu’il est facile de retenir ses collaborateurs et où 1 salarié sur 2 se déclare en recherche active. 

Les salariés attendent de leurs dirigeants des prises de position claires et plus de transparence sur les réflexions stratégiques en cours. Alors que l’équilibre de vie reste leur priorité, ils ne sont que 2 sur 10 à faire confiance à leur top management pour concilier performance et bien-être. Ils sont également moins de la moitié à considérer que leur direction soit suffisamment transparente sur des sujets déterminants tels que la rémunération, l’organisation du travail ou les défis rencontrés.

« Pour séduire candidats et collaborateurs, l’équation est dorénavant multiple, s’il est déjà difficile d’y répondre dans un contexte florissant, cela devient presque impossible dans une période fluctuante et incertaine comme aujourd’hui où les entreprises sont confrontées à des choix complexes. Tout l’enjeu actuel pour les employeurs réside donc dans leur capacité à rassembler leurs collaborateurs autour d’une vision commune partagée. Une entreprise qui saura communiquer de manière claire et transparente sur son fonctionnement, sa politique salariale, les perspectives d’évolution qu’elle propose ou ses avancées technologiques sera plus à même d‘attirer des candidats puis de retenir ses salariés »  indique Laurent Blanchard, Directeur Général PageGroup France

Recrutements que nous disent les entreprises aujourd’hui ? 

Face aux difficultés persistantes de recrutement, les entreprises peinent à trouver et attirer les bons 

profils, et ce, tous secteurs confondus. Si le manque de candidatures est régulièrement cité, un autre enjeu se dessine : la capacité des employeurs à répondre aux attentes des candidats.

Ainsi 70% des recruteurs déclarent avoir eu des difficultés de recrutement ces 12 derniers mois. Comme raisons énoncées, le manque de candidatures est cité à 46%, tandis que l’inadéquation avec les attentes des candidats est indiqué à 44%.

Salaire : entre attentes des candidats et évolution du cadre réglementaire  

Le salaire reste le critère n°1 des candidats au moment d’accepter un nouvel emploi. Toujours plus d’un salarié sur deux (54%) juge nécessaire de bénéficier d’une augmentation de salaire au moment de changer de poste. Il est intéressant de souligner qu’il existe toutefois une réelle différence de perception selon les générations interrogées : 68% des 20-29 ans et des 30-39 ans juge la hausse de leur rémunération primordiale contre seulement 58% des 40-49 ans et 43% des 50-59 ans. 

En ce qui concerne la transparence salariale, bien qu’attendue par tous, sa perception diffère nettement selon le genre. Ainsi, 42 % des femmes estiment qu’il existe un écart de rémunération entre hommes et femmes à poste équivalent dans leur entreprise, contre seulement 22 % des hommes. Les entreprises sont attendues en matière de communication et devront convaincre, en effet, aujourd’hui 7 salariés sur 10 considèrent que la politique salariale de leur entreprise n’est pas transparente. 

Evolution professionnelle : peu de projection 
Seuls 14% des salariés interrogés se projettent à plus de 3 ans sur leur poste actuel. Dans un monde où tout va vite, peu de place pour la routine ou l’inertie, les salariés ont besoin d’être stimulés pour progresser et s’épanouir. Les missions doivent rester enrichissantes et les perspectives de carrière ouvertes.

Interrogés sur leur envie de rester sur leur poste actuel, ils sont relativement peu à s’y projeter encore très longtemps y compris pour les personnes occupant leur poste depuis moins d’1 an : 36% souhaiteraient changer d’ici 1 an, 28% dans les 3 ans à venir et seuls 7% se projettent sur ce poste dans les 5 ans à venir. La recherche d’apprentissage et l’envie de se développer animent les salariés aujourd’hui qu’ils soient cadres, employés ou techniciens.

Intelligence artificielle : la proportion de salariés français qui utilise l’IA a quasi-doublé en 1 an

Aujourd’hui, près d’1 salarié sur 3 déclare utiliser une forme d’Intelligence Artificielle au travail contre seulement 1 sur 5 l’année dernière.  Aide à la rédaction, création de contenus (textes, images, vidéos), traduction, programmation ou modélisation scientifique, l’IA générative n’est plus un concept mais bel et bien une réalité de plus en plus ancrée dans notre quotidien. C’est encore plus le cas sur le plan mondial où près d’1 salarié sur 2 y fait appel dans le cadre de ses fonctions.    

Au-delà du nombre croissant d’utilisateurs, il est aussi intéressant de constater que pour les personnes qui ont recours à l’IA, son usage est totalement entré dans leurs habitudes de travail puisqu’une majorité (71%) y a recours au moins 1 fois par semaine.

En 2025, 34 % des salariés en France utilisent l’IA, contre 40 % en Europe et 45 % à l’échelle mondiale. Bien que ce pourcentage soit en hausse, il reste inférieur à celui de nos voisins. En 2024, seuls 18 % des salariés en France l’utilisaient, contre 30 % en Europe et 36 % dans le monde.

« L’adoption de l’IA est un travail de fond qui nécessite une approche pédagogique et positive. Les entreprises doivent être en mesure d’expliquer, de rassurer, de former, de sensibiliser leurs salariés sur les bénéfices mais aussi les risques associés à cette nouvelle technologie. C’est une vraie conduite du changement à mener. Une entreprise qui saura dès maintenant se positionner sur ces enjeux sera vue comme précurseur, innovante et sera forcément plus attractive sur le marché de l’emploi. » précise Laurent Blanchard, Directeur Général PageGroup France

Environnement de travail : les salariés attendent de leurs employeurs une meilleure conciliation entre les besoins de l’entreprise et leur bien-être 
A l’heure où l’équilibre de vie apparaît comme la vraie priorité d’une majorité des salariés, seul 2 salariés sur 10 déclarent faire réellement confiance à leur employeur pour concilier les besoins de l’entreprise et le bien-être des salariés. Il y a donc un vrai enjeu pour les dirigeants d’éclaircir leurs positions en la matière afin de renouer plus largement avec la confiance de leurs collaborateurs.

Les salariés attendent de leur top management un meilleur partage d’informations et une plus grande proximité. Face à l’incertitude ambiante (économique, géopolitique, etc.) et aux nombreuses questions qu’elle soulève, les salariés sont en attente de réponses de la part de leur hiérarchie. 

Si sur le partage d’informations financières  ainsi que les défis rencontrés, 1 répondant sur 2 à notre enquête trouve que leur employeur communique assez sur le sujet, ils sont une minorité à penser que la communication est suffisante sur d’autres enjeux tels que la prise en compte et la réponse aux commentaires des salariés (39%) ou la prise de décisions difficiles (35%).   

Flexibilité adoptée, productivité contestée : quand les visions salariés-employeurs divergent
Malgré les annonces de quelques grands groupes pour mettre fin au travail à distance et reprendre un rythme en 100% présentiel, le retour massif au bureau ne se confirme ni en France, ni à l’international. A l’inverse, les données de notre étude montrent plutôt une stabilisation du travail hybride.  

En France, nous constatons aussi que l’accès au télétravail est constant depuis 3 ans. Aujourd’hui, 1 salarié sur 4 déclare se rendre plus au bureau qu’il y a un an et dans seulement 38% des cas c’est parce que la politique de leur entreprise s’est effectivement durcie. Plus d’1 salarié sur 2 chercherait ailleurs si son employeur lui demandait de venir plus au bureau. 

En termes de productivité, les visions diffèrent entre salariés et employeurs. Si 8 salariés sur 10 ayant accès au télétravail s’estiment tout autant (42%) voire plus (41%) productifs à la maison qu’au bureau, le ressenti est identique pour tout juste 1 employeur sur 2. En effet, seuls 13% de ces derniers apparaissent convaincus que la productivité de leurs collaborateurs est réellement supérieure en distanciel qu’en présentiel et 39% qu’elle est la même. 

Si côté salariés, ils sont nombreux à plébisciter l’environnement plus calme, la facilité de concentration, le gain de temps et d’énergie sur les trajets ainsi que le meilleur équilibre vie privée/vie pro rendu possible par le travail hybride. Côté employeurs, la majorité soulignent l’importance du maintien des interactions en face-à-face pour une meilleure collaboration et une cohésion d’équipe renforcée. Le télétravail soulève aussi de vraies questions au moment de l’intégration et de la formation de nouvelles recrues dans un service.