La lumière au bout du tunnel en matière de recrutement dans l’immobilier ?
Voici deux ans que l’industrie immobilière est en crise. L’année 2024 restera globalement dans les basses eaux avec un niveau d’activité recrutement en forte baisse depuis deux ans.
Avons-nous touché le point bas et y a-t-il quelque espoir que la situation s’améliore bientôt ? Peut-être. Grâce à la baisse tendancielle des taux d’intérêt, la reconnaissance tardive de la dépression par nos gouvernants, l’opiniâtreté des Présidents des fédérations professionnelles de l’immobilier et du bâtiment, grâce aux préoccupations des familles qui ne peuvent acquérir leur logement ni trouver une location qui leur convienne et qui le font savoir au moins dans les sondages, le logement fait désormais partie des chantiers urgents qui attendent Michel Barnier et la très reconnue nouvelle Ministre du Logement et de la Rénovation Urbaine, Valérie Létard.
Bien sûr il y a toujours des besoins en matière de recrutement dans l’immobilier. Mais ils ont muté : le développement immobilier dominait ; il est désormais quasiment absent pour céder la place aux fonctions techniques, travaux, maintenance, ingénierie, bâtiment, énergie décarbonée, qui représentent désormais le tiers de nos missions en valeur.
Viennent ensuite les directions générales et de centre de profit qui totalisent près du quart de notre activité, en promotion de parcs d’activité et de logistique de proximité, dans le conseil en immobilier d’entreprise, à l’international, dans l’exploitation et le développement de résidences services, enfin, dans l’ingénierie.
L’exploitation et la gestion d’actifs approchent 20% de nos missions : direction de centre commercial, direction de résidences services, direction asset-management et asset-managers France et Europe, dont certains orientés technique restructuration.
Enfin, le corporate et le commercial totalisent 13% : fonctions financières et comptables, RH Mobilité à l’international, Data Analyst…Côté commercial, uniquement en B to B à ce jour, citons la prescription et la vente de prestations dans l’ingénierie et le bâtiment.
Par métier, les promoteurs, en logistique et activités pour une grande part, restent actifs, essentiellement dans les fonctions techniques, énergie photovoltaïque et fonctions corporate. En dehors de ces dernières un poste de dirigeant, du développement et des opérations en logistique, nous ont été demandés. Au total ils représentent 23% de notre activité en valeur.
L’immobilier du commerce et de la distribution en totalise 18%, à égalité avec l’ingénierie, l’AMO et le bâtiment. Il s’est agi, pour le commerce, de chefs de projet et ingénieurs construction tout particulièrement dans la restauration, d’exploitation de centre commercial, de transaction locative et investissement. Chez les bâtisseurs, on retrouve les postes construction déjà évoqués.
Les services et conseils immobiliers : gestion et exploitation de résidences services, coworking, conseil en immobilier d’entreprise, gestion d’actifs pour compte de tiers, représentent 16%.
La part des directions immobilières des grands utilisateurs a triplé depuis l’an dernier, totalisant 13% de nos signatures : directeurs et chefs de projet MOA, avec un beau poste de patron de pays en Europe pour un exploitant de résidences services. Enfin le logement social ferme la marche.
Qu’en est-il pour l’année prochaine…Et les suivantes ? Pour tenter de se projeter dans l’avenir, il est nécessaire de revenir sur l’analyse de ces dernières années, en particulier sur le covid, et l’inflation cause principale des difficultés de la profession.
La hausse des taux depuis l’après-covid est la résultante de la combinaison d’évènements de portée mondiale succédant à une très longue période de « quantitative easing ». Les banquiers centraux cherchaient à sortir de la période de taux d’intérêt proches de zéro voire négatifs depuis dix ans, visant une hausse des prix de 2%, ce qui aurait permis un pilotage économique stable et maîtrisable dans « le monde d’avant ».
Mais l’épidémie de covid et ses confinements ont déstructuré les chaînes de production et la circulation des marchandises provoquant des pénuries dans tous les domaines. C’est aussi vrai des salariés et de leur rapport au travail : remise en cause professionnelle et changement de vie caractérisant « la grande démission », généralisation du télétravail rendant difficile un retour au bureau. Ainsi l’épidémie a-t-elle également changé profondément les usages, créant de facto une suroffre de surfaces de bureaux.
Enfin la géopolitique s’en est mêlée début 2022 avec l’invasion de l’Ukraine et la stratégie déstabilisatrice de la Russie, provoquant une hausse exponentielle des coûts de l’énergie en Europe et achevant le processus de flambée des prix avec une inflation dépassant 10% dans la zone euro et 6% en France. Les banques centrales ont dû augmenter brutalement les taux, d’où chute de l’investissement des entreprises du fait de taux d’emprunt élevé, désolvabilisation des consommateurs et acheteurs notamment en matière d’immobilier, et dévalorisation des actifs immobiliers. Toutes les conditions d’une double crise, offre et demande, étaient là dans la plupart des pays développés.
Mais ce n’est pas tout. Il s’y est ajouté la crise climatique et ses conséquences : réglementations et coûts liés aux investissements nécessaires en matière de développement durable, contraintes du ZAN qui nécessite l’économie circulaire du foncier, et donc sa reconversion et la « construction de la ville sur la ville », privilégiant l’aménagement, la réhabilitation / reconstruction.
2023 et 2024 ont été les années de la révélation de ces quatre composantes interagissant entre elles : déstructuration des chaînes de production, forte évolution des usages, crise de l’offre énergétique, pénurie foncière et surcoûts liés au développement durable et à l’attitude des élus qui ne délivrent plus de permis de construire. C’est là sans doute l’unicité de ce qu’il faut bien appeler une crise – en tout cas dans l’immédiat, certes schumpétérienne, mais si elle est créatrice de valeur, les transitions et mutations vont s’étaler dans le temps compte tenu de leur complexité, peut être autant que la crise des années 90, ce qui nous amènerait à un redémarrage de la « promotion 2.0 » par exemple en 2027…La baisse progressive des taux d’intérêt et les éventuelles mesures gouvernementales en faveur du logement vont sans doute favoriser le redémarrage des transactions immobilières et progressivement l’investissement hors bureau, mais l’offre des promoteurs mettra du temps à se reconstituer.
Laurent DEROTE
DVA Executive Search, dirigée par Laurent Derote et Sophie Vatté-Refes, est un cabinet de recrutement de cadres dirigeants par approche directe, de conseil en ressources humaines, et de management de transition au travers de DVA Management de Transition, spécialisé dans les métiers de l’immobilier et de la construction en France et en Europe.
De plus, l’équipe de notre activité DVA Talent Development accompagne l’ensemble des acteurs de l’économie, dans tous les domaines, afin de créer des organisations performantes et durables qui atteignent leurs objectifs stratégiques et opérationnels pour détecter, révéler, faire évoluer et retenir les « Talents ».
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