De drôles d’oiseaux ! Par Xavière PHISEL, Associée, SIRCA Executive Search
Les recruteurs sont décidément de drôles d’oiseaux !A la fois très prisés – qui refuserait en effet d’avoir « dans sa poche » un recruteur qui pourrait, le jour venu, l’épauler dans sa recherche d’un futur emploi ? – ils sont aussi parfois très décriés : opportunisme, manque de créativité, manque d’éthique ! « Entremetteurs », carnets d’adresses, ….
Cette vision de l’ « intermédiaire » a sans doute été servie par de mauvaises pratiques du passé. Beaucoup moins valorisée que le conseil en stratégie, la profession de chasseur de têtes est parfois vue comme plus proche du fournisseur que du partenaire.
On lui donne un « cahier des charges » et le drôle d’oiseau va chercher l’oiseau rare !
Cependant, nous aimerions insister sur le fait que de nombreux consultants sont passionnés par leur métier … malgré sa difficulté !
Ils sont animés par la conviction qu’un recrutement n’est pas seulement stratégique.
Non, un recrutement EST la stratégie même !
Déjà, qu’est-ce qu’un recrutement pour une entreprise ? L’addition d’un « headcount » au sein d’un système ? Un maillon de plus dans la chaîne ?
Non, un recrutement est plutôt une somme d’engagements destinés à faire en sorte que la combinaison entre le savoir-faire, la saveur (l’ « ADN »), l’ambition d’une organisation, et les compétences, le talent, les motivations d’un individu, favorise cette fameuse « création de valeur » qui va permettre à chacune des deux parties de grandir (d’atteindre des objectifs, de créer des performances, de réaliser des rêves, de faire vivre des équipes, de faire du profit,…), pendant le bout de chemin qu’elles feront ensemble.
Un recrutement, c’est cette démultiplication des possibles, cette potentialisation, au sens alchimique du terme.
Nous parlons ici d’ « espérance » et d’ « alchimie », et nous en assumons parfaitement les dimensions de mystère et de hasard. Car ces dimensions sont partie intégrantes d’un recrutement, même si on vise à en minimiser, à en maîtriser l’impact.
D’autres préfèreront utiliser le mot « pronostic ». En effet, rien n’est jamais sûr dans un recrutement. Un échec est toujours une éventualité qu’il ne faut pas sous-estimer.
En revanche, comme beaucoup de nos confrères, les années d’ancienneté cumulées par l’ensemble des 7 associés et consultants de Sirca nous ont appris de très nombreuses choses.
L’analyse d’un contexte : confrontés à une multitude d’environnements différents, à l’instar de nos confrères consultants en stratégie, nous avons l’habitude de « disséquer », de « cerner » des enjeux, de situer les forces (et les faiblesses) en présence. En d’autres termes, nous sommes en mesure d’établir un diagnostic qui va constituer le socle de notre future recherche.
Cette analyse, associée à une compréhension fine de la gouvernance, des personnalités en présence et des enjeux va nous permettre d’établir le profil de la personne qui viendra non seulement compléter mais bel et bien, comme évoqué plus haut, enrichir l’équation.
La quête : ah ! la recherche de l’oiseau rare. Partie émergée de l’iceberg, c’est ce à quoi il est facile de limiter notre pratique: le « sourcing ». Etape essentielle de notre métier, elle doit être conduite avec un grand discernement, à la fois pour « toucher » les bonnes cibles dans le souci de servir l’entreprise qui nous mandate, mais aussi pour construire avec les personnes contactées (qui correspondront – ou pas – à ce que l’on recherche) de solides relations basées sur la confiance et la confidentialité.
L’évaluation : étape clé d’une démarche de recrutement. Moment de vérité. Est-ce que la personne que j’ai en face de moi peut apporter à mon client la synergie recherchée ? Est-ce que le poste dont nous lui parlons arrive à un bon moment pour elle, en tant qu’homme ou femme, autant que comme professionnel(le) : va-t-elle s’y épanouir, se réaliser, s’accorder avec les autres membres de l’équipe ?
Cette « base de données » interne, constituée au fil des années nous permet d’aller explorer les pistes, de soulever les interrogations, de comprendre les zones d’ombre, et, finalement, d’arriver à ce que nous cherchons : l’intime conviction.
L’intime conviction qu’il s’agit de la bonne combinaison – ou pas !
Cela s’appelle de l’expérience, du professionnalisme, mais aussi de l’intuition, gagnée, forgée, affinée au fil des années.
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Enfin, nous aimerions conclure sur l’idée du courage.
Nous sommes à une époque où, quel que soit le métier que vous exercez, l’erreur est plus difficilement permise. L’erreur de recrutement – l’une de celles qui coûtent le plus cher à une organisation – n’est pas tolérée.
La pression que l’on met alors sur les recruteurs est importante. Beaucoup de consultants jettent l’éponge et changent de métier (pour devenir coaches ou outplacers, ou autre).
Beaucoup résistent cependant ! Parce qu’ils ont la passion de leur métier et parce qu’ils sont animés par cette conviction que leur valeur ajoutée est réellement stratégique.
Parce que, aussi, le métier de recruteur est par excellence l’un des métiers de service les plus exigeants. Un pur métier de service : service aux clients ET aux service des candidats.
Et parce que l’exigence … c’est formidablement excitant, non ? !