Une étude du chasseur de têtes Eric Salmon & Partners fait le point sur la parité dans les conseils d’administration
La loi Copé-Zimmermann, qui impose depuis cette année un seuil proche de la parité dans les boards, a produit son petit effet. Selon une étude fraîchement publiée par le cabinet Eric Salmon & Partners, portant sur les entreprises du CAC 40 et 20 entreprises sur SBF 120, en 2015, 33% des sociétés affichaient un ratio d’au-moins 40% de femmes dans leur conseil d’administration, alors qu’en juin 2017, 62% des entreprises respectaient ce quota. Elles étaient même 37 au sein de l’échantillon à dénombrer plus de 40% d’administratrices (20 en 2015). L’étude précise que ces nouvelles recrues sont majoritairement des dirigeantes de grandes entreprises cotées, oeuvrant dans de muliples fonctions (finance, stratégie, RH, communication). Pour mémoire, en cas de non respect des règles, les entreprises encourent la nullité des nominations non conformes à l’objectif de parité ainsi que la suspension du versement des jetons de présence.
Néanmoins, la loi et les sanctions qui lui sont rattachées n’ont pas pleinement changé la culture de toutes les sociétés. En effet, 28% des firmes de l’échantillon n’ont encore qu’entre 30% et 40% de femmes administratrices. Pis, 10% ont moins de 30% de représentantes du sexe féminin au sein de leur board. Comment expliquer ces chiffres ? « Les entreprises qui n’ont pas atteint le quota de femmes dans les conseils d’administration ne se justifient pas nécessairement ; si elles ont à le faire, elles évoquent plutôt les difficultés qu’elles rencontrent. Celles-ci peuvent être multiples : difficulté à trouver le profil qui corresponde à leurs besoins, entreprises dans lesquelles il n’existe traditionnellement pas ou peu de femmes administratrices et où les mentalités doivent évoluer, etc. », explique Lorraine Kron-du Luart, managing partner d’Eric Salmon & Partners Paris.
A titre de comparaison, qu’en est-il dans les comités exécutifs, instances où aucun quota visant la parité n’est imposé ? Eric Salmon note que 20,3 % des entreprises n’ont aucune femme siégeant au sein de leur comité exécutif et que près d’une entreprise sur deux (47,4%) a moins de 20% de femmes dans son Comex. Seule CNP Assurances peut se prévaloir d’avoir 40% de femmes au sein de ce lieu de décisions. A l’inverse, l’étude note que les sociétés industrielles sont les plus à la traîne.
La publication s’est enfin intéressée aux entreprises les plus vertueuses. Celles à avoir atteint le minimum de 40% de femmes dans leurs conseils d’administration sont-elles plus avancées que les autres en termes de parité dans leurs Comex ? L’étude constate que 16,6% n’ont aucune femme siégeant dans le comité exécutif et que 41,6% ont moins de 20% de femmes siégeant dans leur comex.
Néanmoins la corrélation et la comparaison sont à prendre avec un peu de recul. En effet, trouver les candidates adéquates pour intégrer un conseil ne pose pas tout à fait les mêmes difficultés que pour sélectionner les membres d’un comité. « Ce sont deux types de profil différents. En ce qui concerne les Comex, les entreprises puisent généralement dans le vivier de l’entreprise et sélectionnent les principaux cadres dirigeants. Plus les femmes accèdent à des postes à haute responsabilité, plus il est naturel et évident que ces femmes siègent au comité exécutif », explique Lorraine Kron-du Luart. « En revanche, la composition des conseils d’administration peut s’avérer plus ardue. C’est ce qui peut pousser des entreprises à faire appel à des cabinets spécialisés tels que Eric Salmon & Partners qui chercheront un profil qui puisse correspondre à l’ADN de l’entreprise, tout en bénéficiant d’une expérience et d’un parcours légitimant leur position. Pour l’instant, nous retrouvons encore souvent les mêmes femmes administratrices dans plusieurs sociétés ». Ainsi, Clara Gaymard est-elle chez LVMH, Veolia, Bouygues et Danone, tandis que Siân Herbert Jones a une place de choix chez Air Liquide, Bureau Veritas et Capgemini.